Après une série d'expos de peintures ou de photos, de pièces de théâtre ou encore d'opéra, je me suis dis qu'il serait peut-être bien de faire un petit post récap', sur les choses sympa à faire à Paris.
Expo Turner :
Certainement la plus belle expo que j'ai pu faire depuis que je suis ici. Un grand nombre d'oeuvres, la plupart bien mises en valeur par la décoration et la disposition des salles. L'approche de l'expo est très intéressante : on y découvre l'évolution de l'Oeuvre de l'artiste, à travers l'influence des différents peintres qui lui ont été contemporains. En copiant et en interprétant à sa façon d'autres artistes (voir photos comparatives plus bas), son art s'est en effet peu à peu façonné. Apportant toujours une touche personnelle, Turner a toutefois su éviter le vulgaire plagia, et on découvre au fil de l'exposition son style si caractéristique, qui s'affirme au cours du temps. Ce n'est finalement que dans les dernières années qu'il parvient à l'aboutissement de son art, avec les oeuvres que nous connaissons si bien : des toiles à la fois brumeuses et lumineuses.
Le canal de Venise par Canaletto
Le canal de Venise, vu par Turner
On ressort de là frappé et touché en plein coeur, tant l'effet visuel créé par le mélange des tons et les superpositions de matières est sublime. Une expo qui fait comprendre à quoi sert l'art, et pourquoi il est toujours mieux de voir les oeuvres en vrai.
Expo Crime et Châtiment :
Le musée d'Orsay a voulu retracer les apparitions et témoignages des thèmes du crime et du châtiment dans l'art au cours de l'histoire. Une organisation peut-être un peu râtée : un parcours trop historique, qui commence très bien avec l'aspect "mythologique" du thème, mais une évolution chaotique quand il s'agit de l'évolution de la recherche scientifique. En bref, on ne comprend pas toujours la présence ou le lien entre certaines oeuvres. Certaines sont mêmes affichées un peu abusivement, comme par exemple les croquis griffonnés d'artistes s'essayant à la reproduction de sujet morts (alors que l'on sait qu'à une certaine période, la volonté de connaître le corps humain -dans le but de parvenir à un réalisme parfait dans le dessin- à pousser les artistes à se rendre dans des salles de dissection afin de cerner les détails auxquels ils n'auraient pu accéder sur un corps vivant).
L'expo est de bonne taille et très satisfaisante néanmoins. Un bon point : l'attente aux portes du musée est brève. Tellement rare à Paris...
Expo Willy Ronis :
Un vrai maître de la photographie, qui nous a quitté il y a moins d'un an, auquel le musée de la Monnaie de Paris rend hommage.
Cinq grands thèmes de son travail sont abordés : la rue (Paris en particulier), le monde du travail, les voyages, les corps, et enfin l'intimité (celle de sa vie familiale). Quasiment chaque photo mériterait bien une page de commentaires, tellement elles regorgent de détails et de beauté, mais pas besoin d'être un expert en photographie pour apprécier Ronis : c'est avant tout l'impression, le ressenti direct de la vue du cliché (lui inexplicable), qui touche le spectateur.
Un succès assuré pour cette exposition, qui passe finalement assez inaperçue parmis les block busters des expos parisiennes, mais qui d'après moi vaut largement le déplacement !
Expo Histoire idéale de la mode contemporaine :
Au musée des arts décoratifs, il y a toujours une floppée d'expositions temporaires (sculptures, jouets (en ce moment 3 salles remplies de Lego mis en scène : effet sur les enfants garantis), mode, publicité, etc.).
Dans la partie mode du musée se déroule en ce moment une expo sur l'histoire de la mode. Réalisée en plusieurs actes, elle est jusqu'en octobre centrée sur les années 70 et 80. Mise en scène sobre (murs blancs, vêtements installés dans des vitrines-cubes transparentes, indications inscrites à la main sur de larges bandes de tissu blanc transparent). Un étage pour chaque décennie, et entre 4 et 5 vêtements par vitrine (chacune dédiée à un défilé de grand couturier).
Il est intéressant de pouvoir approcher de si près des pièces de haute couture, caractéristique d'une époque et d'un style. C'est là que l'on remarque à quel point la mode est un éternel recommencement, et comment de belles pièces sont intemporelles.
A noter également l'exposition temporaire dans l'aile "publicité", dont le thème est "la publicité au service des grandes causes". Des slogans et des photographies parfois très poignants, qui prennent à la gorge et atteignent ainsi leur objectif premier : que l'on se sente concerné.
Expo Munch :
Ou Munch comme vous ne l'aviez jamais vu. Loin des toiles connues du peintre, on découvre un artiste féru de lithographie, de gravure, et réalisant souvent des oeuvres gaies et colorées. Jouant sur les matières et les techniques (il aimait, et cela se révèle dans certaines toiles exposées, laisser ses oeuvres dehors après leur réalisation, pour que la pluie et le vent viennent balayer et mélanger les teintes -le but étant de revenir sur l'aspect trop abouti de ses peintures), le relief (en grattant sa toile ou en superposant les couches), l'Oeuvre de Munch est bien plus complexe que le laisseraient supposer ses toiles les plus célèbres.
Nu agenouillé
Il retranscrit avec talent la gaieté de sa mère, la souffrance et la maladie de sa soeur. C'est, en ce qui me concerne, dans la lithographie qu'il parvient à toucher et à représenter le mieux les sentiments -souvent noirs dans la fin de sa carrière- comme la solitude ou la tristesse.
Vampire
L'expo possède un grand nombre d'oeuvres, dommage que la scénographie ne soit pas toujours à la hauteur. Mais elle a le mérite d'aborder le peintre différemment, et en toute simplicité.
Expo Irving Penn :
Une petite expo à la fondation Henri Cartier Bresson (au passage, profitez-en pour monter au dernier étage, pour y voir quelques tirages de celui-ci et son premier appareil), qui illustre bien le travail du photographe du Vogue américain, à travers le thème "Les petits métiers", ou comment Penn s'est spécialisé dans la sublimation de l'Homme à travers sa fonction.
La caractéristique principale de son travail : prendre en photo une personne effectuant un "petit métier", en le sortant de son cadre naturel (la rue, bien souvent, mais aussi le restaurant, l'hôtel...), et en le mettant en scène dans son studio avec une simple toile tendue de fond, et ses outils de travail. Le rendu est splendide. La neutralité du studio vient sublimer le personnage, et lui apporte caractère et puissance.
Recrutés dans la rue, les modèles se rendaient au studio dans leur tenue de travail, et recevaient un dédommagement pour la peine. Le projet fut réalisé dans trois villes capitales : Paris, Londres et New-York. Penn immortalisait alors poissoniers, marchands de journaux, ramoneurs, pompiers... Tous travailleurs, ces personnes ont cependant sur les clichés des attitudes et des poses bien propres ) leur caractère. On voit avec amusement comment certains new-yorkais, pensant pouvoir par là accéder enfin à la gloire et au rêve américain, prennent la pose avec grande fiereté ; alors que des parisiens, peu rassurés et pensant avoir été embringué dans un traquenard, regardent l'objectif avec timidité et suspicion.